C’était la deuxième réunion d’information à destination de celles et ceux qui envisageaient de confier un parent à un EHPAD dans les 6 mois à venir. Bernard, le Directeur et Pierre, le Medco, intervenaient à tour de rôle.
Pierre avait tout d’abord évoqué les signes avant-coureurs. Ceux qui ne trompent pas. Ceux qu’il ne faut pas minimiser. L’axiome était simple : mieux l’on prépare un séjour et mieux il se déroule… Il proposait aux familles des arguments pour leur proche, la nécessité d’anticiper le séjour, des règles simples pour l’intégration.
Bernard, lui, se concentrait sur l’alliance entre familles et équipes.
Ni l’un, ni l’autre ne se contentaient de généralités. Ils allaient dans le cœur de la vie de ces aidants, évoquant tout aussi bien les plaisirs futiles que les rancœurs cachées.
Ils évoquaient aussi les réticences, les refus d’aides et de soin, leur signification et la manière dont il fallait inciter les parents à participer aux actes les plus divers de la journée.
Pour Bernard, résidents et familles devaient comprendre comment s’adapter aux contraintes du séjour, comment les familles devaient, à leur manière, encourager, motiver, aider le parent à s’y adapter.
Pour les plaisirs, ils le savaient, cela viendrait tout seul.
Ils avaient tous les deux à cœur que l’établissement ne devienne pas le récipiendaire de toutes les plaintes et ils voulaient aussi que tout le monde saisisse que "le navire était gouverné".
Et cela marchait plutôt bien : équipes, résidents et familles se sentaient protégés par une autorité légitime. La logique du donnant-donnant s’était peu à peu installée et chacun savait qu’il devait apporter sa pierre à l’édifice.
Ces petits moments "éducatifs" étaient souvent partagés avec des membres de l’équipe. C’était, selon Pierre et Bernard, la meilleure façon de préparer les séjours et de donner du sens à la participation de chacun.
Ni l’un ni l’autre n’étaient naïfs au point de considérer que quelques réunions suffiraient à éliminer tout problème à venir. Toutefois, un point de perspective était tracé et qui pouvait servir dans la gestion de désaccords à venir.
Et c’est ainsi que finalement tous les acteurs se retrouvèrent au centre après que depuis des décennies, l’on avait imaginé que c’était la place des seuls résidents…
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