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Les épreuves du directeur d’EHPAD

Photo du rédacteur: Jacques HeurtierJacques Heurtier

Dernière mise à jour : 16 juil. 2021

« Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes » cette formule de Voltaire décrit bien la vie de mon EHPAD ces dernières années. Equipe stable, relations fluides, un IDEC que je surnommais Karajan tellement elle avait l’art et la manière de faire donner aux équipes le meilleur d’elles-mêmes. Des contrôles ARS nous plébiscitant, idem pour l’évaluation externe… Que demander de mieux ?

C’était un mardi : le ventre de Karajan s’était arrondi. Bien sûr, je n’avais rien vu… Il fallait préparer son absence de 3 mois : chanceux j’étais. Elle avait une ancienne collègue libérale, Louise. Elles se sont vues. Elles ont préparé les plannings. Bref, tout anticiper jusqu’au moindre détail, tel était l’objectif. Lorsqu’elle est partie, j’ai fait une mauvaise grippe. 4 jours au lit.

Dans l’EHPAD, c’en fut fini de ce bonheur douillet. Tout le monde se regardait en chien de faïence. Tout le monde pensait du mal de tout le monde.

Karajan m’a appelée : elle allait prolonger. Je me levais le matin avec les jambes coupées, l’esprit cisaillé par des brumes acides. J’ai cessé d’être gentil. Je l’ai vu dans les yeux des gens. J’avais mal partout. Chaque journée était un supplice. Enfermé dans mon bureau avec Candy Crush j’avais du mal à respirer. La vie des autres ne m’intéressait plus. Ils étaient mon supplice. J’étais même impuissant à me souvenir du passé récent. Je donnais tout à Louise.

Et puis je suis passé à l’attaque : ils voulaient ma peau, ils allaient voir. Chaque jour, je râlais sur tout, froidement, comme un acteur déterminé à faire mal. Et plus je voyais la peine dans leurs yeux, plus j’avais envie de les gifler. Mon grand talent de terrifieur porta ses fruits. Le conseil d’administration me demanda de « prendre des congés sans solde »… Depuis j’ai beaucoup dormi.

Et puis c’est revenu. Par petits bouts. Certains matins, il y avait même du le petit bonhomme en mousse de Patrick Sébastien dans ma tête. C’est ça. C’est moi. Un burn-out ? Ce serpent qui vous enserre le cerveau et l’abdomen ? Qui vous rend inacceptable ? Peut-être simplement parce que je ne pouvais accepter l’idée que la maison « change », que je ne marchais qu’avec le carburant des autres ? L’âme de cette maison (en fait mon idéal du moi) a changé parce que j’ai changé. Cette rupture brutale, cassante m’a appris à devenir plus stable, meilleur. Je ne me confonds plus avec un idéal. Oui, je peux être fragile, et alors ? Il me suffit de ne pas créer les conditions de ma fragilité. Je n’ai nul besoin d’être fort. Simplement d’être humain.

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