« Docteur, j’ai peur de ne pas y arriver, de m’écrouler à la moindre méchanceté, je me sens tellement fragile… » L’arrêt de travail de Sophie touchait à sa fin. « Burn-out » avait savamment dit le médecin. 3 semaines d’arrêt, sans autre traitement que des huiles essentielles… Elle n’y croyait pas…
« Contrairement à ce que vous croyez, le retour au travail va contribuer à vous sortir de ce mauvais pas, Sophie… »
Bon.
Elle avait payé et était rentrée.
« N’hésitez plus à demander de l’aide : c’est parce que vous ne l’avez pas fait que… »
« Oui péché d’orgueil »…, pensa Sophie.
« Est-ce ma faute si je n’aime pas me confier et parler de mes faiblesses ? »
« Il s’agit plutôt de savoir demander de l’aide au moment opportun plutôt que d’énoncer des plaintes, vous ne croyez pas ? »
Il avait encore raison. Ça l’énervait… Mardi 7H00, reprise des toilettes. « Bonjour Mme Y… » « Ah te voilà, toi, tu t’es payé des vacances sur le dos de la sécu ? hein ? » « Mais non Mme Y, j’étais malade… » « Tu parles, tu es jeune, en bonne santé, c’est juste que t’as envie de rien foutre… » « Vous savez Mme Y, mon médecin m’a dit que dans les situations difficiles, il fallait que je sois aidée car je reste fragile psychologiquement… » « Et tu veux que ce soit moi qui fasse ta toilette ? » « Bien sûr que non. Je souhaiterais simplement que vous puissiez m’aider à aller mieux, que l’on fasse de ce moment un bon moment… » « Bon, si tu veux …. » « Merci Mme Y »
Elle l’embrasse.
Elles ont toutes les deux les larmes aux yeux… Elles sont enfin prêtes à donner le meilleur d’elles-mêmes à l’autre.
C’est là le bénéfice d’un vrai échange : la bientraitance entre deux êtres humains ne se décrète pas, elle n’est pas seulement l’affaire de ceux qui en parlent le mieux. Elle est bien plus la conséquence de « moments de vérité » entre des êtres humains. Pourquoi ne pas oser « franchir le pas » ?
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